Car, on voyant Jésus resplendissant de gloire,
Des rayons de son corps illuminer sa croix,
La parole me manque et ma bouche est sans voix,
Du Golgotha céleste escaladant le faîte,
Seul, celui qui fera la route que j'ai faite
Et qui verra le Christ de lumière éclater,
Comprendra qu'on l'adore au lieu de le chanter.
De l'un à l'autre bras, de sa cime à sa base,
Tout autour de la croix, dans ma divine extase,
Je voyais des lueurs qui, se heurtant dans l'air,
A chacun de leurs chocs enfantaient un éclair.
Et ces lueurs semblaient ces atomes sans nombre
Qui peuplent un rayon, glissant à travers l'ombre;
Et, comme dans la nuit, lorsqu'on entend le son
D'une harpe et d'un luth vibrant à l'unisson,
Tout ignorant qu'il soit des lois de l'harmonie,
L'homme sent son corps plein d'une joie infinie,
De même ces lueurs, montant et s'abaissant,
A mon âme chantaient un hymne ravissant,
Aux délices duquel je me laissais surprendre,
Mais que je ne cherchais même pas à comprendre,
Et qui pourtant, en moi répété saintement,
Vibrait par tout mon corps, si tendre et si charmant,
Que je reconnaissais les célestes louanges
Qu'au pied de l'Éternel chante le chœur des anges,
Et que je distinguais cet ordre: « Lève-toi,
Martyr! qui combattis et qui vainquis pour moi! »